Coup de chaud sur les tarifs d’électricité
Par Michel Gay
Après la hausse de 10% des prix du gaz pour les particuliers au 1er juillet 2021, et celle de 0,48% de l’électricité prévu pour le 01 août 2021, la facture d’électricité pourrait augmenter de 6% début 2022. Le gouvernement et le régulateur de l’énergie s’inquiètent enfin…
Le gouvernement s’alarme… pour la présidentielle
Les prix sur le marché de l’électricité étaient restés relativement bas ces dernières années, autour de 50 euros par mégawattheure (€/MWh). Mais ils ont dernièrement grimpé de 50% pour atteindre 75 €/MWh, dans le sillage de ceux du pétrole et du prix du carbone. Cette tendance haussière devrait se poursuivre. Un prix de 100 €/MWh est même envisagé à la fin 2021.
Or, le mois de décembre 2021 servira de référence dans le calcul du prix qui sera appliqué au 1er février 2022, et les tarifs pourraient encore augmenter de 6% en février 2022 par rapport à cette année.
Cette forte hausse des tarifs de l’électricité en pleine campagne présidentielle ne serait pas du meilleur effet… alors que l’électricité devient de plus en plus vitale. Le sujet est donc sensible « en haut lieu ».
Hors TVA, les taxes pèsent aujourd'hui trois fois plus sur le prix de l’électricité qu’en 2008.
Les ministères réfléchissent à plusieurs solutions pour masquer « un certain temps » les véritables coûts de la transition énergétique gouvernementale fondée, à tort, sur les énergies renouvelables intermittentes (EnRI).
L’une d’elle consisterait à baisser la taxe « contribution au service public de l’électricité » (CSPE) qui, jusqu’en 2016, finançait essentiellement les éoliennes et les panneaux solaires. Elle est aujourd’hui bloquée à 2,25 c€/kWh, et versée directement dans le budget de l’État.
Le ministère de l’Écologie semble favorable à cette baisse de la CSPE, alors que le ministère de l’Économie traîne des pieds car le déficit budgétaire explose à cause de la Covid-19.
Ces « folies renouvelables » devant bien être financées par quelqu'un, ces taxes pour les subventionner sont dorénavant réparties sur tous les produits pétroliers (carburants, gaz,…) pour être mieux dissimulées...
La CSPE ne sert donc plus à financer les énergies renouvelables car cette taxe trop visible gonflait à vue d’œil les factures d’électricité (+ 550% (!) entre 2002 et 2015).
Et le consommateur ?
De plus, ces dernières années, les cours mondiaux faibles ont masqué l’augmentation des taxes. Mais si l'offre se raréfie en Europe (fermeture de centrales à charbon et de deux réacteurs nucléaires en parfait état de fonctionnement à Fessenheim) et que la demande augmente, ainsi que les subventions aux EnRI, alors les prix vont grimper !
Certains « décroissants » qui n'aspirent qu'à une réduction de la consommation par la contrainte (des prix élevés dissuasifs en sont une) vont se réjouir…
Paradoxalement, l’augmentation des prix de marché… diminue le montant des subventions distribuées aux opérateurs d’énergies renouvelables (tout de même 5 milliards d’euros prélevés sur les consommateurs cette année contre 7 milliards l’an passé).
Mais si le prix de marché est plus élevé, où est le bénéfice pour le consommateur de la baisse d’une taxe compensée par une hausse des prix ?
Le sujet promet d’échauffer les esprits, surtout lorsqu’il faudra expliquer les véritables raisons de cette hausse que les militants écologistes antinucléaires s’empresseront d’attribuer comme d’habitude… au nucléaire.
Déjà, début 2017, quelques mois avant l’élection présidentielle, la ministre de l’écologie Ségolène Royal avait tenté, sans succès, de bloquer une augmentation de prix car elle pense toujours que la politique est plus forte que l’économie…
Déposséder encore davantage EDF ?
Une autre fausse « solution » consisterait à augmenter la quantité d’électricité nucléaire vendue par EDF à ses concurrents « verts » (Total, Engie…). Aujourd’hui, la loi oblige EDF à céder un quart de sa production nucléaire, soit 100 TWh, au prix bas de 42 €/MWh, inférieur au prix actuel de marché.
Cette« option » appauvrirait encore davantage EDF au profit de ses concurrents sans aucun bénéfice pour les consommateurs puisque la production d’électricité, et donc l’offre, restera la même.
Quel est l’intérêt de cette pseudo-solution destinée uniquement à éviter la faillite des concurrents d’EDF… qui ne produisent rien, ou presque ?
L’entreprise EDF serait spoliée de sa production et financièrement pénalisée. Elle aimerait certainement profiter de ses propres investissements judicieux dans le nucléaire et garder sa production d’électricité nucléaire à bas coûts pour la revendre au prix élevé du marché et engranger le résultat de ses efforts.
La hausse des prix sera inévitable, soit sur l’électricité, soit diluée sur une multitude d’autres produits courants comme le carburant par exemple afin de masquer le gâchis des milliards d’euros dilapidés chaque année dans les orientations énergétiques délirantes des gouvernements français successifs depuis 15 ans…
Le prix de l’électricité a augmenté de 50% en 10 ans, davantage que l’inflation, et plus particulièrement ces 3 dernières années.
Alors que le coût de production des centrales nucléaires est resté faible, comment expliquer cette faramineuse augmentation que certains attribuent « évidemment » à la Covid ?
Serait-il politiquement incorrect de suggérer, comme l’a fait la Cour des comptes en 2018, que les coûts gigantesques du développement des énergies renouvelables (hors hydroélectricité) n’y est pas étranger ?
L’augmentation du prix de l’électricité, « en retard sur l’Allemagne » dont le prix pour les particuliers est encore le double de celui de la France, risque de donner un coup de chaud au gouvernement, au moins jusqu’au printemps 2022…