Énergie : la France pourrit par la tête (comme les poissons)

Par Michel Gay

La France pourrit par la tête tandis que les forces vives de la Nation (ouvriers, techniciens, ingénieurs, entrepreneurs,…) constituent une ossature d’excellente qualité rongée par les décisions aberrantes du gouvernement dans le domaine de la production d’électricité, source d’activité économique et de richesse pour notre pays.

Détruire ce qui fonctionne

La fermeture de la centrale de Fessenheim, rentable et en excellent état de fonctionnement, n’est que le solde d’un achat de suffrages verts réglé par les contribuables. L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a conclu au respect des exigences de sûreté et de sécurité pour la poursuite de son exploitation.

En outre, si cette centrale, mise en service en 1977, est la plus ancienne en activité en France, aucune raison de fond ne vient s’opposer à la prolongation de son exploitation jusqu’à 60 ans, comme aux États-Unis où la durée de vie de ces mêmes réacteurs a déjà été prolongée.

Fessenheim rapporte 1,5 million d’euros par jour (en moyenne annuelle) en chiffre d’affaires (1800 MW x 7200 h/an x 42 €/MWh / 365 jours = 1,5 M€)  et elle pourrait probablement encore être autorisée par l’ASN à fonctionner encore 20 ans.

Environ 10 milliards d’euros d’exploitation seront perdus (1,5 M€/jour  x 365 jours x 20 ans = 10 milliards d’euros), alors que dans le même temps nos hôpitaux publics manquent cruellement de moyens de fonctionnement et d’investissements.

Par ailleurs, sa production sera remplacée par des importations massives de gaz (russe, algérien,…) qui viendront alourdir encore le déficit de la balance du commerce extérieur.

Le Président d’EDF applique, sur ordre du gouvernement, de mauvaises décisions contre nature pour son entreprise et à l’encontre de l’intérêt des Français selon les dernières prévisions de RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité.

Un achat de suffrages

Le choix de fermer la centrale de Fessenheim est un choix politique et dogmatique puisqu’il résulte directement de l’accord électoral passé entre le Parti Socialiste et Europe Écologie Les Verts, en novembre 2011, prévoyant la fermeture de 24 réacteurs nucléaires à l’horizon 2025 (repoussée depuis à 2035…).

Où est l’étude d’impacts préalable technique, socioéconomique notamment sur l’emploi direct et indirect qui a conduit à cette décision ? Il n’y en a aucune !

Ce  paiement en nature, cet « achat de suffrages » constitue un abus de bien social au détriment de tous les Français en l’absence de motifs de sécurité (l’ASN a donné sa bénédiction) et d’exploitation (centrale rentable).

Enfin, cet achat des suffrages verts (il s’agit ici de milliards d’euros perdus pour les caisses de l’Etat et donc pour les Français) échappe à la comptabilité des dépenses de campagne électorale. Pourtant, certains candidats doivent répondre devant la justice d’utilisation litigieuse de fonds publics au cours de leur campagne pour des montants bien inférieurs.

Ce gaspillage immonde d’argent public pour engranger des votes devrait à l’évidence être dénoncé par les médias. 

Le rapport « Mariton » en 2013

Cette décision politique détestable aura malheureusement de graves conséquences énergétiques, environnementales, économiques, et financières, comme l’avait déjà indiqué le rapport d’information relatif à la transition énergétique présenté par le député Hervé Mariton au nom de la commission des Finances, le 16 octobre 2013 : « La centrale de Fessenheim produit, sans effet de serre, 70 % de la consommation électrique d’Alsace. Sa fermeture se soldera par un recours accru aux énergies fossiles. Sur le court terme, le remplacement de l’électricité produite par la centrale nécessitera de faire appel (…) aux centrales combinés à gaz pour prendre le relais ».

Ce rapport indique aussi que :

  • l’Etat devra verser une compensation financière de plusieurs milliards d’euros à l’opérateur et à ses partenaires suisses et allemands,
  • le nucléaire qui permet de garantir aux entreprises françaises une énergie à moindre coût, reste un des derniers éléments de notre compétitivité,
  • dans l’état actuel de l’endettement de notre pays, cette fermeture contribuera à reporter le fardeau de la dette sur les générations futures,
  • cette fermeture impactera 2200 emplois directs et indirects ainsi que toute l’économie locale du Haut-Rhin puisque la centrale de Fessenheim est un contributeur important des collectivités à hauteur de 50 millions d’euros chaque année.

L’accès à l’énergie constitue un enjeu géopolitique majeur et constitue un élément essentiel du développement industriel et de l’aménagement du territoire. Il est primordial que la politique énergétique de la France contribue à la solution des tensions mondiales en économisant les ressources fossiles. Toutes les réflexions sur les enjeux énergétiques doivent avoir pour objectif de satisfaire les besoins vitaux des habitants de la France, au niveau individuel comme collectif.

Depuis 2013, la machine s’est emballée

Comment ouvrir les yeux des Français sur les justifications spécieuses de ce vaste marché de dupes (les dupes étant les contribuables et les consommateurs) sur lequel repose le développement scandaleux de l’éolien et du photovoltaïque ?

Les élus qui aspirent au renouvellement de leur mandat continueront à repousser au-delà de leur mandature les solutions absurdes qu'ils annoncent. « En même temps », ils continueront à amuser la galerie avec des moulins à vent et des miroirs « aux alouettes » photovoltaïques.

Il est tellement plus facile de vendre du vent et de préférer la démagogie flatteuse à la pédagogie laborieuse.

Comment ensuite être surpris d’une « défiance » envers des élus qui contribuent délibérément à l’appauvrissement du pays ? Ce fiasco prévu de la politique énergétique des gouvernements successifs depuis plus de 10 ans n’est que la partie émergée de l’iceberg des gabegies et de l’irrationalité des politiques.

Le débat public en France

Le cas spécifique de la récente consultation populaire sur le futur Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs (PNGMDR) organisée par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) illustre une fois de plus l’incapacité de nos élus à traiter ces questions en s'appuyant sur une analyse scientifique et technique.

La représentation nationale est complaisante avec les militants autoproclamés soit disant « représentatifs », avec des agités « pourrisseurs » de débats, en leur offrant une caisse de résonnance au point de décourager les citoyens d’y participer. L'échec récurrent de ces "débats" révèle tout simplement son incapacité chronique à respecter les citoyens en leur soumettant, par exemple, des questions fermées et orientées, sans même parler du renoncement à les informer objectivement.

La CNDP manipulent les Français avec de pseudos débats publics chargés uniquement de donner une caution populaire à des conclusions globalement déjà orientées à l’avance.

Nos « élites » considèrent que l’organisation de ces réunions de pure forme ou personne ne peut sereinement s’exprimer suffit à satisfaire les attentes des citoyens.

Des associations ayant des liens artificiels avec le sujet des déchets nucléaires comme Négawat ou Wise, ainsi que des géographes, philosophes, juristes conseillers d’État, sont auditionnés par la CNDP avant même le débat.

Mais aucun géologue, hydrologue, neutronicien, spécialiste de la migration des produits de fission et des radionucléides, médecin radiothérapeute, radioprotectionniste, ni académiciens n’a été invité.

Dans la longue liste de « personnes entendues pour préparer le débat » sur le PNGMDR, aucune des Académies n’a été sollicitée.

En Revanche, 7 associations notoirement antinucléaires l’ont été et un membre de l’une d’entre elles est cité 5 fois.

La CNDP sait parfaitement ce qu’elle fait en ignorant les scientifiques compétents sur la question posée. Des spécialistes du stockage des déchets radioactifs sont pourtant simples à trouver dans notre pays. Mais quand on ne veut pas les entendre, il suffit de ne pas les convier à la préparation du débat.

Ensuite, dans les 200 pages résumant le débat du PNGMR, ni l’Académie des technologies, ni l’Académie des sciences ne sont citées comme contributeurs. Et leurs contributions ne sont pas rapportées, ni commentées.

Le débat parlementaire limité à un exercice pavlovien d’approbation ou d’opposition donne l’image d’une démocratie malade, ce qui est encore plus grave que les errements irresponsables sur les questions liées à l’énergie (nucléaire ou non).

Dans son livre « Pourquoi le nucléaire ? », Bertrand Barré écrivait page 136 : « Le jeu n’est pas égal entre experts et militants. De l’expert - et c’est normal - on exige l’exactitude. Il n’a pas le droit de se tromper, encore moins de mentir, même par omission. Du militant, on exige la conviction. Il a le droit de se tromper (il n’est pas spécialiste), voire de mentir, aussi longtemps qu’il est convaincu de la justesse de son combat.

Dans la même veine, la citation de Jacques Prévert « Qu'est-ce que cela peut faire que je lutte pour la mauvaise cause puisque je suis de bonne foi ? » pourrait-être transformée par la CNDP en « Qu'est-ce que ça peut faire que je sois de mauvaise foi puisque c'est pour la bonne cause. »

Le message essentiel indiquant que le stockage géologique en profondeur des déchets n’est pas un pis-aller mais une excellente solution technologique (car les argilites confinent la radioactivité) n’a pas été pas « compris » par la CNDP, ni repris par l’AFP.

Idéologie et communication

Depuis plusieurs années, un gouvernement de fous nie et méprise la science remplacée par l’idéologie et la communication. La réalité est simplement ignorée au profit de slogans séduisants qui flattent une frange d’électeurs et enrichissent des opportunistes déguisés en vert, ce qui mènera inéluctablement à des catastrophes.

L’Académicien et ancien Haut-commissaire à l’énergie atomique Yves Bréchet le confirme dans Le Point en octobre 2019 : « La génération qui a construit le parc nucléaire français (…) savait qu’il fallait reconstruire le pays et assurer sa souveraineté (…) alors que nos élites actuelles n’ont plus qu’à construire leur carrière ».

Et il poursuit : « Mais nos responsables préfèrent acheter la paix dans des diners mondains plutôt que de remplir leur devoir d’information ».

Le prix de cet aveuglement sera malheureusement élevé pour tous, même pour nos pseudos « élites » hors-sol dont beaucoup ne voient pas plus loin que le bout de leur mandat électoral.

 

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