Fessenheim : c'est Iphigénie qu'on sacrifie !

Par Michel Gay

Hors conjoncture politique datant de 2012 nécessitant un accord électoral avec un parti politique minoritaire "vert" pour être élu Président de la République, il n'y a aucune raison de sacrifier la centrale nucléaire de Fessenheim. Un député (LRM) l'a reconnu avec résignation : "Le coup est parti".

C'est un sacrifice païen, tel celui d'Iphigénie.

Sur le conseil d'un devin, Iphigénie (fille du roi Agamemnon) devait être sacrifiée à la déesse Artémis pour que les vents poussent la flotte grecque vers Troie. Iphigénie supplie son père de la laisser vivre : "Je résume ma prière en ce seul mot, plus fort que tout ce qu’on pourrait dire : la lumière est bien douce à voir, la nuit souterraine ne l’est pas. Insensé qui souhaite mourir !" Mais Agamemnon resta insensible aux supplications de sa fille. Elle allait périr sous le couteau du sacrificateur, quand Artémis, décida de lui substituer une biche…

Corruption

Après le sacrifice par Lionel Jospin du réacteur Superphénix, également pour cajoler les « Verts », cette odieuse décision est destinée pour la seconde fois à acheter des voix avec de l’argent public. Cette abominable destruction volontaire de richesse (un équipement public national d'une valeur une dizaine de milliard d’euros) est une rançon réglée « en nature » déposée sur l’Autel de l’écologie pour l’achat de suffrages antinucléaires. Elle va coûter cher aux Français alors que le gouvernement semble se préoccuper de leur pouvoir d'achat...

Or, un achat de suffrages porte un nom : corruption.

Cet acte de corruption devrait être porté devant la Justice au titre d’un financement illégal de campagne électorale à hauteur du coût d’un tel marchandage au détriment des contribuables français.

Pourquoi certains sont inquiétés par la Justice pour avoir triché de quelques millions d’euros alors que d'autres resteraient impunis pour avoir triché avec des milliards d'euros d’argent public ? 

Les "dons en nature" échappent le plus souvent aux comptabilités et n’apparaissent donc pas dans les comptes de campagne des bénéficiaires.

Il est curieux que ce type de financement occulte effectué "sur le dos" des contribuables ne soit pas sanctionné au même titre que d’autres financements "directs" qui eux, le sont sévèrement.

La loi impose 63200 mégawatts

La loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) résultant de cet accord « sacrificiel » limite la puissance nucléaire installée à celle existante aujourd'hui en France, soit 63200 mégawatts (MW).

Ce qui signifie que le démarrage de l'EPR de Flamanville (1800 MW) en 2019 devrait conduire à l’arrêt des deux réacteurs de 900 MW de Fessenheim. Son âge la condamnerait parce que c'est la plus ancienne (40 ans), alors que les mêmes centrales aux Etats-Unis sont déjà prolongées à… 60 ans. Et les Américains envisagent déjà 80 ans.

D’autres réacteurs ont été évoqués : Tricastin, notamment. C’est à EDF de choisir, en fonction de la robustesse du réseau. Les élus de la ville de Strasbourg qui ont voté la fermeture de Fessenheim feront certainement le nécessaire pour alimenter l’Alsace par l'Allemagne avec leurs centrales au charbon quand les réacteurs de Fessenheim seront arrêtés.

L’Allemagne a pourtant bien montré les limites des énergies renouvelables intermittentes. Son électricité est vendue aux particuliers deux fois plus cher et sa production se traduit par des émissions de gaz à effet de serre (500 g/kWh stagnant depuis 10 ans) dix fois plus élevées par kWh qu’en France (50 g/kWh), malgré ses investissements faramineux dans l'éolien et le photovoltaïque aboutissant à 22% de sa production d’électricité. Le charbon et le gaz produisent toujours 53% de l’électricité en Allemagne…et le nucléaire produit encore deux fois plus que le photovoltaïque.

L’aveuglement de nos élus les conduit à prendre pour argent comptant les arguments doctrinaires des opposants au nucléaire, parfois même au nom du principe de précaution inscrit dans la constitution.

Au nom d'une fausse idéologie écologique, des obscurantistes s'acharnent à vouloir détruire un acquis industriel et un réseau électrique solide qui a fait ses preuves depuis 40 ans.

Le Président d’EDF est contraint de respecter la loi (qu’il serait pourtant urgent de réviser) et de donner des gages à un Ministre pour contribuer au développement des énergies renouvelables...

Sa mission première de cette entreprise est de fournir au pays l’électricité dont il a besoin en toute circonstance mais elle doit aussi la produire à un prix compétitif profitant à la fois au pouvoir d’achat des ménages et à la performance de nos entreprises.

Cette décision de fermeture anticipée de Fessenheim, véritable fait du prince pourtant prié de “dégager” par le peuple français, demeurera le totem de l’incohérence et de l’irresponsabilité de la politique énergétique de la France poursuivi par son successeur.

Elle illustre l’autisme de nos dirigeants refusant d’écouter les vrais spécialistes scientifiques et techniques (et non ceux qui s’autoproclament comme tels). Ils se contentent de faire semblant de donner la parole au peuple avec de grandes consultations dont les conclusions apparaissent décidées à l'avance.

Eviter le « black-out »

Pour éviter l’effondrement du réseau d’électricité (black-out) le Président de RTE (François Brottes) déclare pudiquement dans une tribune du Monde que « Pour faire bénéficier la société d’une électricité décarbonée à moindre coût… RTE doit développer des technologies innovantes et évolutives"… qui coûteront chères.

Que ne ferait pas l’ancien député nommé à la tête de RTE par François Hollande pour insérer au chausse-pied les productions erratiques des énergies renouvelables (EnR) dans le réseau d’électricité.

Ces coûts, non inclus dans la CSPE, viennent donc grever le coût facturé (par RTE) aux distributeurs (EDF et autres qui le répercutent dans le prix),… mais pas aux producteurs d'EnR. Un cadeau pour ces derniers qui n’assument pas les contraintes de leur intermittence et dont le montant n'est pas connu pour les consommateurs !

Le "renouvelable" serait concurrentiel avec le nucléaire

Malgré les proclamations la main sur le cœur des investisseurs (souvent étrangers), le renouvelable (hors hydraulique) reste hors de prix...

Sinon pourquoi la Contribution au service public pour l’électricité (CSPE) figurant dans la facture d’électricité (et incluant le surcoût du « renouvelable ») a-t-elle été multipliée par cinq (!) au cours de ces dix dernières années alors que le prix du kWh n'a augmenté que de 12 % ?

Cette taxe / impôt représente dorénavant un quart de la facture.

En effet, le prix du kWh (hors taxes) était de 7,82 centimes d’euro (c€) en 2008 et de 9,08 c€ en 2018, ce qui représente une augmentation raisonnable de 12 % en 10 ans.

En revanche, le montant de la CSPE était de 0,45 c€ par kWh  en 2008, mais il est maintenant de 2,25 c€/kWh en 2018. Ce montant a donc été multiplié par 5 (!) et il est passé de 6 à 26 % de la facture alors que le renouvelable ne dépasse pas 5 % de la production totale ! 

Selon la Cour des comptes, le surcoût annuel pour payer le "renouvelable"... serait d’environ 7 milliards d’euros (en augmentation) pendant 20 ans, La valeur d’environ un EPR de série chaque année...

Que deviendra ce montant si les EnR se développent encore davantage, comme prévu ? 

La Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP, un organisme indépendant) montre que, sans le renouvelable, le prix de l'électricité n'aurait pas bougé depuis 8 ans. Pourquoi cette information n’est-elle pas davantage diffusée par les grands médias radio et TV ?

Nicolas Hulot a récemment trouvé 100 millions d’euros pour un inutile « plan hydrogène » et la Cour des comptes a déjà chiffré à 134 milliards d’euros la somme qui sera investie au profit des ruineuses renouvelables !

Courage, fuyons !

Si l'exécutif ne fait pas preuve de courage et de lucidité dans les mois à venir, les Français vont vivre le grand frisson.

Les revendications financières dans la santé, la sécurité et les salaires se font de plus en plus pressantes chaque jour.

La France manque d'argent pour les hôpitaux, pour les prisons, pour la police, pour les mal-logés,…

Dans le même temps, le Ministère des Finances racle les fonds de tiroirs en envisageant de baisser les pensions de reversions, les retraites, les allocations diverses,…

Le coût des énergies (gaz, électricité, essence) augmente considérablement depuis plusieurs mois.

Pourquoi alors détruire de la richesse existante (Fessenheim) et gaspiller autant d’argent dans les énergies renouvelables aléatoires et intermittentes ?

 

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