Halte à l’éolien et au photovoltaïque !
Par Michel Gay
Les industriels des énergies renouvelables intermittentes éoliennes et solaires photovoltaïques (EnRI) multiplient les interventions dans les médias et les rouages gouvernementaux pour obtenir la signature du décret (par le Premier ministre) de la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie (appelée PPE3) qui prévoit de coûteux investissements massifs dans l’éolien et le solaire photovoltaïque pendant 10 ans.
Mais la France n’a pas besoin de cette ruineuse production supplémentaire intermittente d’électricité aléatoire.
Où est le besoin ?
Jamais depuis 2005 la France n’a connu une demande d’électricité aussi faible, en raison de sa croissance anémiée, de la poursuite de la désindustrialisation et de la hausse des prix qui freine la consommation des ménages.
Contrairement au discours martelé dans les médias par le lobby des EnRI qui ne défend que ses propres intérêts, notre pays n’a, aujourd’hui comme demain, aucune raison objective (ni technique, ni économique) de se lancer dans de nouveaux investissements inutiles et ruineux dans les EnRI.
De plus, le réseau électrique français et européen est fragilisé. Il peine dorénavant à gérer les variations subites des productions aléatoires éoliennes et solaires, parfois surabondantes, et prioritaires par la loi, alors que l’électricité est déjà décarbonée principalement par le nucléaire et l’hydroélectricité.
Cette situation d’instabilité conduit à des épisodes fréquents et aberrants de prix proches de zéro, voire négatifs (sur le marché de gros de l’électricité), et à la nécessité de réduire le niveau de production (décarbonée…) des réacteurs nucléaires. Ces variations parfois rapides affectent leur rentabilité ainsi que leur durée de vie… au moment où elle est prolongée.
Cette monstrueuse et ruineuse réalité est malheureusement masquée par des intérêts particuliers et corporatistes, mercantiles, idéologiques et politiques, au détriment de l’intérêt général.
Pourtant, les industriels des EnRI continuent de crier à la catastrophe si la PPE3 n’est pas adoptée de toute urgence.
Décarbonation et rente de situation
Sébastien Lecornu (renommé premier ministre le 10 octobre 2025…) a indiqué le 26 septembre 2025 au journal Le Parisien : « Il n’est pas question de revenir sur nos ambitions énergétiques car la décarbonation est une priorité pour notre souveraineté. Il faut sortir de certaines dépendances ».
Mais probablement adepte aussi du « en même temps », le Premier ministre a ajouté : « aucune rente ne sera tolérée, n’en déplaise à certains lobbys ». Comprenne qui pourra.
Les contrats garantis par l’État sur 15 ou 20 ans pour les parcs éoliens et solaires sont pourtant des rentes données le plus souvent à des intérêts privés avec un accès prioritaire au réseau (avec dédommagements quand c’est impossible) et un prix de vente élevé garanti.
La France produit plus d’électricité décarbonée qu’elle n’en a besoin
La France produit une électricité déjà décarbonée à 95% (537 TWh en 2024) et en surabondance par rapport à ses besoins stagnants et même diminuant (elle n’en a consommé que 447 TWh cette même année 2024) ce qui se traduit par des records d’exportation d’électricité.
Les faits sont têtus, même si le Syndicat des énergies renouvelables dénonce un « déni démocratique » et un « déni énergétique » en affirmant qu’un moratoire sur le développement des EnRI permettrait aux énergies fossiles de sortir « grandes gagnantes ». Ah bon ?!... Et pourquoi ?
Chacun peut constater que c’est faux en consultant l’application eCO2mix de RTE qui informe les Français en temps réel de la production électrique décarbonée à plus de 90% et du prix de vente de l’électricité sur le marché.
Le constat
Le coût budgétaire des dédommagements à payer aux producteurs des EnRI n’a jamais été aussi élevé, soit pour les dédommager des arrêts de production que RTE leur impose parfois pour éviter un effondrement généralisé du réseau (« black-out » comme en Espagne et au Portugal le 28 avril 2025), soit au titre des prix minima que l’Etat leur a garantis. Car le danger catastrophique de black-out existe tout autant avec une sous-production qu’avec une surproduction d’électricité.
Jamais EDF n’a été autant contraint de ralentir sa production nucléaire pour absorber le trop plein d’électricité éolienne ou solaire, ce qui a un impact sur la rentabilité de l’entreprise.
Jamais la puissance installée éolienne et solaire n’a été aussi élevée en France, et en croissance rapide. Elle représente aujourd’hui l’équivalent de 45 réacteurs nucléaires. Le parc nucléaire en activité en France est de 57 réacteurs.
Jamais le nombre de dossiers pour de nouveaux projets éoliens et solaires déposés et en cours d’instruction dans les préfectures n’a été aussi élevé.
Selon le Cercle d’Étude Réalités Écologiques et Mix Énergétique (Cérémé), il existerait déjà 50 GW de capacités d’EnRI aujourd’hui en service en France (dont 69% de solaire).
Il y aurait également un nombre considérable de projets actuellement déposés et en cours d’instruction : 52 GW en attente de construction et/ou de raccordement (soit plus de 30 réacteurs nucléaires EPR de 1,6 GW comme celui de Flamanville !), environ 20 GW en instruction, et entre 2 GW et 5 GW en attente d’une décision de la justice administrative.
Soit un total de capacités d’environ 125 GW, deux fois celui du parc nucléaire français (63 GW) !
Et tout cela avant même les nouveaux appels d'offres que prévoyait d’autoriser la PPE3 !
Halte ! Mise en péril de la transition énergétique vers l’électricité
La construction d’équipements supplémentaires solaires et éoliens va mécaniquement augmenter le déficit budgétaire et le prix de la facture d’électricité pour les consommateurs français qui devront payer ces folies ! Le contribuable, la compétitivité des industriels, et donc les Français, en seront les victimes… pour rien !
Et même la transition énergétique tant vantée passant par l’électrification des usages dans les transports, l’industrie, le chauffage et la climatisation des bâtiments, pour décarboner la consommation d’énergie, sera mise en péril !
En effet, cette électrification des usages sera ralentie, ou ne se fera pas, si les prix de l’électricité sont trop élevés. Et c’est de plus en plus le cas en France et en Allemagne.
L’intérêt général en France commande d’arrêter les nouveaux investissements dans les EnRI. Notre nouveau premier ministre fera-t-il preuve de responsabilité sur ce dossier en ayant pour seul objectif l’intérêt des Français ?
La France pourrait utilement regarder l’évolution désastreuse de cette transition énergétique outre-Rhin avant de s’engager plus avant dans le développement des EnRI.
En effet, l’Allemagne se désole chaque jour, et notamment depuis la guerre en Ukraine, que sa stratégie énergétique fondée depuis quinze ans sur le retrait du nucléaire, le gaz russe, et le développement des EnRI … est un échec cuisant.
En résumé : halte aux éoliennes et aux panneaux solaires photovoltaïques !
