Dans le domaine de l'énergie, sommes-nous parvenus à " la fin de l’histoire" ?

Dans l’Antiquité, l’esclavage et le muscle animal étaient nécessaires pour produire de l’énergie mécanique. Ensuite, les moulins à vent et à eau se substituèrent partiellement à la force humaine et animale, rare, couteuse et peu efficace. Puis vint l'idée de faire du mouvement avec de la chaleur. La machine à vapeur brulant du bois (et des forêts entières) a permis de transformer l’énergie thermique en énergie mécanique, surtout à partir du XVIIIe siècle. C’est alors que l’exploitation intensive des mines de charbon et l’équipement des chutes d’eau sont venus sauver nos forêts menacées de disparition. L’arrivée du pétrole et de l'électricité libèrent définitivement les hommes de leurs activités physiques les plus pénibles en permettant de diffuser partout l’énergie mécanique qui, jusque là, n'était transmise que par des courroies. Ainsi, d’étape en étape, chaque innovation a permis à l’humanité de poursuivre son développement.

Sommes-nous arrivés au terme de cette évolution ?

Dorénavant, dans les pays développés, les hommes doivent faire du sport pour maintenir en état une musculature qui a perdu une grande part de son intérêt économique, sauf pour quelques professions (déménageurs,…). Mais l'augmentation de la population mondiale et des niveaux de vie engendrent des besoins nouveaux, tandis que la sensibilité à la protection de l'environnement s'est exacerbée dans les pays riches. La combustion du charbon et des hydrocarbures a permis la révolution industrielle mais elle pollue l’atmosphère et elle produit du gaz carbonique (CO2) qui serait responsable de l’effet de serre. C'est une préoccupation de nos sociétés modernes. De plus, les longues molécules d'hydrocarbures constituent des bases chimiques utiles et irremplaçables pour la fabrication de produits vitaux (plastiques, engrais,…). Il n'est pas raisonnable de les "gâcher" dans l'industrie pour en faire du feu. Brûler du pétrole et du gaz pour se chauffer revient à mettre son précieux mobilier Louis XV dans la cheminée. Le temps est venu de trouver une nouvelle source d’énergie :

  • – moins meurtrière et moins polluante que les combustibles fossiles,
  • – qui ne générerait pas de gaz carbonique,
  • – qui permettrait de ne pas gaspiller les bases chimiques dont nos descendants auront besoin,
  • – et qui serait beaucoup moins encombrante.

Cette nouvelle forme d’énergie sûre, propre, discrète, disponible, puissante est déjà arrivée pour prendre le relais des précédentes : ce n'est ni le vent ni le soleil, c’est l’énergie nucléaire. Elle peut produire massivement l'électricité qui se substituera de plus en plus aux énergies fossiles, et elle n’est pas sans mérite.

1) La matière première nécessaire à son fonctionnement (l’uranium et le thorium) est abondante pour longtemps et bien répartie sur terre.

2) Le nucléaire est peu encombrant (c’est une vérité souvent méconnue). Une centrale nucléaire "usuelle" de quatre réacteurs de 1 300 MW (5200 MW) remplace dix centrales "fossiles" de 500 MW et dix millions de tonnes de charbon par an. Elle évite les milliers de trains ou de péniches nécessaires pour transporter le charbon de la mine à la centrale.

3) La centrale nucléaire ne rejette pas de particules fines ou nocives, ni de gaz carbonique.

L’industrie nucléaire civile est arrivée à maturité. Hors la catastrophe de Tchernobyl[1], elle n’a tué personne, y compris lors de l'accident de la centrale de Fukushima qui n'a provoqué aucun décès comme l'a confirmé le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé (le tsunami, lui seul, a fait 20 000 morts). Aucune industrie ne peut en dire autant !

Les déchets nucléaires sont une source d’inquiétude pour beaucoup de nos concitoyens car des organisations antinucléaires les affolent régulièrement par des campagnes de communication alarmistes, et le plus souvent mensongères. Pourtant, bien que ces déchets soient intrinsèquement dangereux, ils ne représentent aucune menace, ni pour nous, ni pour les générations futures, lorsqu'ils sont rigoureusement conditionnés et stockés dans des couches géologiques profondes (500 mètres sous terre).

Il ne s’agit donc pas d’un problème moral vis-à-vis des futurs générations, mais d’un problème technique déjà résolu qu'il restera à mettre en application lorsque le pouvoir politique l'aura décidé.

Même si la France d'aujourd'hui semble encore hésiter, d'autres nations se sont résolument engagées dans la voie du nucléaire[2] (Etats-Unis[3], Russie, Inde, Corée, Grande-Bretagne, Inde) ou s'apprêtent à le faire (Amérique du sud, Asie du sud-est).

L’histoire de l’énergie a sa logique et, de siècle en siècle, les innovations se sont harmonieusement succédées. Dans cette succession historique, l’heure est maintenant venue de déployer l’énergie nucléaire pour succéder aux combustibles fossiles afin de répondre aux besoins croissants en électricité de l'humanité.

[1] Tchernobyl a causé moins d'une centaine de morts, et l’accident est dû à une succession d'erreurs grossières. Quand un conducteur en état d’ivresse crée une catastrophe sur une autoroute, on n’en conclut pas qu’il faut supprimer les autoroutes, mais qu’il faut lutter contre l’alcool au volant.

[2] https://www.iaea.org/pris/home.aspx 437 réacteurs sont en fonctionnement dans le monde et 67 réacteurs sont en construction en juin 2015

 [3] https://www.whitehouse.gov/the-press-office/2015/11/06/fact-sheet-obama-administration-announces-actions-ensure-nuclear-energy   

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