Nucléaire : machine arrière toute !

Par Michel gay

Fermer des réacteurs : une faute ?

Bien sûr que la décision prise par François Hollande en 2012 de fermer les deux réacteurs nucléaires en parfait état de marche de Fessenheim a été une sottise (notez l’euphémisme…).

Cette trahison des intérêts du pays pour une poignée de lentilles (les quelques pourcents de voix écologistes pendant sa campagne présidentielle) n’est pas à son honneur à la lumière des récents évènements dont les conséquences pouvaient être anticipées.

Bien sûr que la confirmation de cette faute par le Président Emanuel Macron qui a abouti à l’arrêt de ces deux réacteurs entre février et juin 2020 a été une autre bêtise « pour tenir les engagements de François Hollande », et certainement pour des raisons de « haute politique » incompréhensible par le commun des mortels.

Et maintenant ?

Il est toujours possible de faire machine arrière, d’abolir la folle et ruineuse loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) adoptée en avril 2020, et de revenir au  nucléaire.

La Californie, par exemple, avait prévu il y a 6 ans de fermer la centrale nucléaire de Diablo Canyon en 2025. Mais l’incapacité de cet état à éviter les pannes d'électricité pendant les vagues de chaleur de 2020 a incité les Américains à reconsidérer la fermeture de ces deux réacteurs de 1,1 gigawatt qui ont produit 6% de l'électricité de la Californie en 2021, et près de 25% de son électricité décarbonée... au prix le plus bas !

En France, nos politiciens ont clamé que le démantèlement de la centrale de Fessenheim créerait de l’emploi et placerait la France en tête des pays possédant le savoir-faire pour déconstruire des réacteurs nucléaires. Mais ils se sont trouvés fort dépités d’apprendre que quelques centaines d’ouvriers et de techniciens suffiraient pendant quelques années pour mener à bien ce travail… que la France savait déjà faire. Plusieurs réacteurs nucléaires sont déjà en cours de démantèlement.

Que faire ?

Il est maintenant probablement trop tard pour redémarrer la centrale nucléaire de Fessenheim pour des raisons techniques et, semble-t-il surtout, pour des raisons administratives, bien que le débat soit toujours ouvert entre spécialistes.

Peut-être de nouveaux EPR pourront-ils ultérieurement y être implantés ?

En revanche, il est urgent d’engager franchement et durablement la France sur la voie de la production d’électricité décarbonée majoritairement nucléaire.

La Première ministre Elisabeth Borne presse EDF de réparer ses réacteurs nucléaires pour « passer l’hiver »... Mais elle oublie qu’en 2014, lorsqu’elle était Directeur de cabinet de Ségolène Royal, elle a participé à l’élaboration de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) adoptée en 2015 exigeant l'arrêt de 14 réacteurs.

En 2017, elle travaillait au Ministère de l'Environnement (sous Hulot puis De Rugy).

En 2020, elle s’est félicitée de l'arrêt de Fessenheim alors qu’elle était Ministre de l'Environnement.

Elle a un culot remarquable (c’est ça la politique ?...) , ou un début de maladie d’Alzheimer ?

Un parlementaire pourrait-il lui rappeler ces faits d'armes et lui demander d'annuler la dernière PPE qu’elle a aidée à concocter ?

Action !

Au lieu de faire la leçon comme une maîtresse d'école devant les patrons du MEDEF, il serait plus urgent et plus judicieux de s’impliquer dans le lancement des 2 réacteurs EPR2 de Penly, toujours en attente.

Mais après toutes ces tergiversations sur le nucléaire, l’industrie et les spécialistes sont-ils prêts ?

Le PDG d’EDF Jean-Bernard Levy en doute puisque, pendant des années, les directives gouvernementales étaient de « démanteler » le nucléaire. Il l’a exprimé clairement et presque avec humour (noir ?) sur le plateau de BFM Business le 29 août 2022 !

A s’exprimer aussi librement, ce grand patron va avoir des ennuis…

Même si ce rétropédalage tardif entamé par le Président de la République dans son discours sur le nucléaire au Creusot en décembre 2020, puis à Belfort en février 2022 aurait dû être enclenché depuis 10 ans, la solution nucléaire peut encore apporter une large contribution en France pour diminuer les importations de gaz et de charbon.

Oui, il est encore temps de faire machine arrière toute !

 

 

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