Brexit et nucléaire : une aversion fabriquée et entretenue

Par Michel Gay et Gérard Petit

L’exemple récent du Brexit a montré, comme avec le nucléaire, l’efficacité du conditionnement d’une opinion en orchestrant une détestation au lieu d’une critique constructive. Les conséquences seraient bien plus désastreuses en cas de sortie du nucléaire.

Il aura suffi de mouvements conjugués attaquant les fondements du système européen en Angleterre pour que, malgré un bilan plus qu’honorable, ce dernier soit rejeté par un vote sous la vindicte populaire.

De même, depuis la mine d’uranium jusqu’au stockage géologique des déchets, il n’est pas un maillon de la chaîne de production d’électricité nucléaire qui ne subisse les assauts répétées des opposants à cette source d’énergie.

Ce déferlement orchestré est digne de Panurge. Effrayer les moutons pour obtenir un mouvement d’ensemble donne l’assurance trompeuse d’avoir raison dans un sentiment majoritaire démocratique.

Comment ne pas voir dans le nucléaire un outil maléfique conçu et manœuvré par un lobby cynique voulant préserver sa créature contre l’intérêt vital de tous ? Pourquoi donc attendre plus longtemps son démantèlement, alors que l’absurdité technique, économique, écologique serait avérée ? Les solutions de remplacement idylliques, les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, seraient bridées par l’argent investi dans le nucléaire.

Le nucléaire existant, pourvoyeur fiable et économique de notre système électrique depuis des décennies n’aurait donc été qu’un leurre et sa performance un artifice ? Mais l’heure de vérité a enfin sonné. Des citoyens « lucides » regroupés en organisations « indépendantes » auraient réussi à lever un coin du voile. Les vertus du nucléaire se sont alors envolées ne laissant subsister que des tares. Cet accès de clairvoyance est le fruit d’une conjonction de quelques politiciens et de l’activisme intense du puissant lobby des énergies renouvelables.

Au moment où se décident la prolongation d’exploitation et le renouvellement des centrales nucléaires, le soleil et le vent offriraient soudain un bilan particulièrement positif et une perspective porteuse d’espoirs pour les emplois.

Bien préparé par un débat sur la  « transition énergétique », faux nez d’une virulente campagne destinée à supprimer l’électronucléaire, l’épisode législatif est venu parachever le travail de sape.

Pourtant, le caractère irréaliste des objectifs affichés aurait dû instiller le doute sur la crédibilité des solutions idylliques proposées. Devant les difficultés à les mettre en œuvre et les réalités physiques, l’Exécutif invoque la résistance des opposants pour masquer sa pusillanimité.

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