CIGEO, ou le bel avenir des ZAD

Michel Gay et Gérard Petit

03 août 2016

L’interminable feuilleton « Notre Dame des Landes », dont plusieurs « saisons » restent encore à écrire, a passionné les médias. Ils ont aussi suivi avec gravité l’assèchement tempétueux de la flaque d’eau de Sivens. Selon toute vraisemblance, ils se passionneront pour le prochain avatar de ce type de convulsion en Lorraine, où ont démarré les travaux préliminaires du Centre industriel de stockage géologique des déchets nucléaires (CIGEO).

En matière d’entraves à ce projet, plusieurs galops d’essais ont déjà eu lieu qui augurent bien des batailles à venir.

L’enjeu sera présenté comme dépassant largement le vocable « ZAD » (zone à défendre). En effet, le conflit sera déplacé vers le champ philosophique de la mise en péril des générations futures qui sera brandie sans ciller. De quoi mobiliser et « ratisser » large.

Déjà malmené par la mandature en cours qui s’échine à vouloir le réduire sous la pression des "Verts", le nucléaire va subir là une offensive supplémentaire. Convenir que, pour les déchets nucléaires, existe une solution rationnelle dans son principe et robuste dans sa mise en œuvre conduirait en effet à concéder des atouts au nucléaire. Une horreur impensable !

Un cheval de bataille des opposants réside dans l’affirmation que la France a cédé à la facilité en choisissant le nucléaire qui, pour eux, est une impasse. Les opposants radicaux ne peuvent donc pas, par principe, accepter une réponse satisfaisante au démantèlement et à la gestion des déchets.

Autrement dit, ils ne peuvent pas accepter que puisse exister une solution pour se protéger de la radioactivité. Imaginer un confinement pérenne compatible avec la durée d’élimination naturelle de la nocivité de son contenu, saperait les fondements de leur combat. Or c’est bien ce que propose CIGEO avec l’entreposage en couches géologiques profondes.

La volonté de ne pas laisser de déchets (quels qu'ils soient) aux générations futures est de nature à entraîner des adhésions. Et justement, CIGEO se propose d’y parvenir pour le nucléaire.

Les coûts de ce projet, estimés par l’ANDRA, sont conséquents. Cependant, ces dépenses s’étalent sur des décennies et, en valeur relative, elles ne pèseront guère sur le prix de l’électricité produit par les réacteurs. Des provisions prévues par la loi sont déjà constituées à cet effet. Elles pourront être revues à la hausse, ou à la baisse, sans incidence importante sur le coût de production.

Le nucléaire, tant décrié par les écologistes antinucléaires, fournit en abondance une électricité pilotable et décarbonée et CIGEO permettra le traitement définitifs de ses déchets ultimes.

Ces arguments seront malheureusement balayés lorsqu’il faudra défendre rationnellement CIGEO. Toute la gamme des raisons éthiques, morales, pseudo-scientifiques… suscitera l’opposition, y compris par la violence.  

La ZAD CIGEO a un bel avenir. Les gouvernements successifs se montreront-t-ils suffisamment fermes pour défendre sur le long terme un nucléaire que des « ONG indépendantes », et mêmes certains organismes d’état, s’emploient à discréditer ?

 

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