Réduction du nucléaire : un coup deux fois perdant.

Par Michel Gay et Gérard Petit

L’opinion, trompée par un discours mensonger, croit que le développement des énergies renouvelables est associé à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Or, en France, il se substitue au nucléaire non émetteur de CO2. Ce paradoxe est évidemment escamoté, toute occasion de réduire la part du nucléaire étant saisie.

Cela reviendrait à confier la compensation de l’intermittence des éoliennes et des panneaux photovoltaïques à des centrales à gaz ou à charbon, avec inéluctablement un accroissement des émissions de GES par rapport à la situation actuelle. Cette orientation serait contraire à l’engagement pris au cours de la COP 21 en décembre 2015 à Paris.

La réduction du nucléaire aurait donc pour effet d’augmenter nos importations de combustibles fossiles et nos émissions de GES : un coup deux fois perdant.

Pour répondre à la crise pétrolière, le plan Messmer de 1974 avait judicieusement choisi l’électricité pour diminuer la consommation de pétrole alors dominante dans la production électrique. Un cahier des charges exigeant, clair et cohérent avait été présenté comme un défi à l’absence d’alternative : « La France n’a pas de pétrole, la France n’a pas le choix ! ».

L’objectif a été méthodiquement atteint grâce au programme électronucléaire, au prix d’un effort industriel gigantesque à l’échelle de notre pays. Contrairement à certaines allégations, il n’y a pas eu de contribution financière de la puissance publique et donc de l’impôt. Le financement sur fonds propres et par recours à l’emprunt a été supporté en totalité par EDF et par ses clients. Ces derniers peuvent légitimement regimber lorsqu’on s’avise de mettre au rebut, avec tant d’inconséquence, des réacteurs conservant un fort potentiel de production d’électricité à un faible coût.

Suite au Grenelle de l’Environnement en 2007, la dernière réglementation thermique (RT 2012) favorise surtout le gaz par un énorme artifice de calcul des émissions de GES. L’effet a été immédiat. La part du gaz, pourtant importé et générateur de GES, a bondi.

Sur l’ensemble du parc de logements domestiques (neuf et ancien), la part du chauffage au gaz est aujourd’hui de 44%, et celle de l’électricité de 18% seulement. Cet écart, déjà conséquent, devrait donc croître encore. Ces ordres de grandeur montrent aussi le caractère idéologique de la cabale contre le chauffage électrique malgré ses avantages économiques et écologiques pour notre pays.

Mais qu’importe ! Les sectateurs anti-nucléaires courent après deux lièvres à la fois et ils manqueront les deux cibles que sont les réductions des GES et de la consommation d’énergies fossiles.

En effet, avec des ressources forcément limitées, les sommes astronomiques dépensées dans le développement des substituts au nucléaire, sans aucun gain possible en matière de réduction des GES, ne pourront plus être mises au service de cette cause.

Cette situation devrait désoler profondément les « Verts », mais la cause antinucléaire restant, pour eux, primordiale et même identitaire, ils restent évidemment silencieux. Pire, ils continuent à soutenir le développement des éoliennes et des panneaux photovoltaïques inutiles et ruineux.

Une forme supérieure de l’inaction a été inventée par les militants écologistes : l’action stérile et dispendieuse.

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